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BUREAU D’ETUDE GEOLOGIQUE ET ENVIRONNEMENTALE (BEGE-RDC) La géologie au service du développement durable

DEGRADATION DE SOL PAR L’EROSION: CAUSES, CONSEQUENCES ET MESURES PREVENTIVES

Le 25/02/2016

Dans Environnement et développement durable

DEGRADATION DE SOL PAR L’EROSION: CAUSES, CONSEQUENCES ET MESURES PREVENTIVES

En  dépit  des  certains  progrès  réalisés  vers  les Objectifs  de Développement  du Millénaire,  la  faim,  la pauvreté et  l'insécurité alimentaire persistent,  tandis que  les principaux écosystèmes qui sous-tendent et entretiennent les ressources naturelles, continuent d'être épuisés et dégradés. Ces défis de développement et  la  pression  sur  les  ressources  naturelles  qui  en  découle  sont  maintenant  reconnus  comme  des  problèmes  de  niveau  mondial.  Bien  que  menées  essentiellement  par  la  croissance  démographique  et économique,  ces  pressions  sont  exacerbées  par  une  évolution  rapide  du  contexte  environnemental  qui comprend, entre autres, la dégradation des terres, les changements climatiques, la perte de biodiversité, la pénurie d'eau,  la  libéralisation des  régimes commerciaux et des demandes en matière de production de bioénergie.  Ces  facteurs,  en  outre,  sont  reliés  entre  eux  et  se  renforcent  souvent  mutuellement.

Le sol support de la vie est souvent menacé par les problèmes d’érosions.   En  géomorphologie,  l’érosion  est  le  processus  de  dégradation  et  de transformation  du  relief,  et  donc  des  roches,  qui  est  causé  par  tout  agent  externe (donc autre que la tectonique). C’est ainsi qu’on distingue par exemple l’érosion hydrique qui est causée par l’eau et l’érosion éolienne causée par le vent.

Les problèmes d’érosion hydrique, se font de plus en plus sentir aussi bien dans les pays en voie de développement que dans les pays développés et ont d’énormes conséquences tant économiques qu’environnementales. Il importe alors de mieux comprendre leurs causes afin de développer des mesures préventives et les techniques de lutte afin de les contrer. C’est à ces préoccupations que cette note tente de répondre.

Dans ce cas précis d’érosion hydrique, on peut définir l’érosion comme le détachement et le transport des particules sous l’effet de la pluie, lorsque le sol n’est plus capable d’infiltrer l’eau. Cette situation se produit généralement sur des sols préalablement fragilisés, dans le cas d’une intensité de pluie supérieure aux capacités d’infiltration du sol (lors d’orages violents notamment), ou sur des sols gorgés d’eau (en périodes automnale et hivernale).

Ce transport d’eau et de terre, plus ou moins massif et rapide, peut générer des conséquences importantes sur un plan économique, humain et écologique : le potentiel agronomique des terres s’en trouve diminué, les risques d’inondations accrus (coulées de boue, augmentation de l’intensité et du volume des crues de rivière), et les milieux naturels dégradés La qualité de l’écosystème s’en trouve dégradée  par le colmatage des frayères, diminution de l’oxygène dissout nécessaire à la vie aquatique etc. L’érosion des sols peut se manifester par la formation de ravines et provoquer des coulées de boues sur la voirie et dans les villages.

On peut distinguer deux types d’érosion :

  • L’érosion en nappe (ou diffuse): Il s’agit d’un décapage uniforme de la couche superficielle de terre. Il se produit principalement sur les zones de plateaux. Cette forme d’érosion passe souvent inaperçue mais peut arracher un volume de terre important : un décapage de 1 mm sur 1 ha correspond à la perte d’un volume de 10m3 de limons fertiles. Dans ce cas, les dégâts sont pratiquement irréversibles.
  • L’érosion en rigoles (ou ravines): Lorsque les eaux de ruissellement se concentrent, elles peuvent selon la nature du sol et l’intensité du relief former une ravine par creusement. Cette érosion se produit généralement dans les vallées sèches et dans les fonds de thalwegs* qui constituent des chemins d’écoulements préférentiels pour l’eau qui ruisselle. Cette forme d’érosion peut charrier de grandes quantités de terre, et être à l’origine de coulées de boue importantes. Elle est cependant maîtrisable pour peu que l’on adopte certains principes culturaux et que l’on préserve ou conforte certains éléments du paysage régulateurs des écoulements

Les causes d’érosion de sol sont:

  • La texture des sols est un des facteurs principaux de l’érosion des sols. Les sols limoneux sont très propices à la battance, phénomène qui les rend imperméables et qui augmente le ruissellement des eaux.
  • L’agrandissement des parcelles agricoles suite aux nombreux remembrements accroît les risques d’érosion des sols en créant des conditions favorables au ruissellement des eaux (augmentation de la vitesse d’écoulement des eaux notamment).
  • La diminution des Surfaces Toujours en Herbe  participe au phénomène d’érosion des sols. Les prairies assurent un couvert permanent qui tamponne efficacement les eaux de ruissellement.
  • La disparition des fossés qui accompagne souvent l’agrandissement des parcelles exacerbe le problème d’érosion des sols. Les fossés permettent de maîtriser la circulation des eaux de ruissellement et d’éviter leur accumulation sur les parcelles agricoles.
  • La destruction du maillage bocager tels les haies ou les talus a souvent accompagné les anciens remembrements agricoles. Ces éléments paysagers jouent pourtant un rôle primordial dans la gestion des eaux et représentent des obstacles naturels au ruissellement des eaux sur un versant.
  • Les traces de roues générées par des passages d’engins répétés et des outils non adaptés (pneumatiques par ex.) créent des chemins préférentiels pour les eaux de ruissellement, augmentent les risques d’accumulation sur la parcelle et donc de formation de ravines.
  • Le labour parallèle à la pente accroît fortement la vitesse de ruissellement des eaux.
  • Les sols laissés nus l’hiver favorisent l’érosion des sols en diminuant les capacités d’infiltration des sols.
  • Une urbanisation mal maîtrisée augmente l’imperméabilisation des sols et donc les vitesses de ruissellement des eaux. Les constructions dans les zones à risques de coulées de boue et d’inondations doivent parfois supporter des dégâts matériels importants.

Les actions pour lutter contre le ruissellement des eaux et l’érosion des sols sont:

  • La modification des pratiques culturales permet souvent de réduire sensiblement les risques de ruissellement des eaux et d’érosion des sols. Par exemple la pratique du  desherbinage avec implantation de ray-grass en inter-rangs offre un couvert hivernal efficace après la récolte de maïs.
  • La diminution de la taille des parcelles limite les vitesses d’écoulement de l’eau sur les versants.
  • La préservation des prairies notamment en fonds de vallée permet de favoriser le ralentissement des eaux de ruissellement et de filtrer les particules de terres.
  • La restauration des fossés en bordure des axes routiers et sur les chemins ruraux permet de drainer les eaux de ruissellement. Les fossés enherbés doivent être privilégiés afin de ralentir la vitesse d’écoulement des eaux jusqu’à l’exutoire.
  • La reconquête du maillage bocager (haies et talus) participe à la lutte contre l’érosion des sols en assurant des obstacles naturels au ruissellement des eaux et en favorisant la sédimentation des particules de terres charriées.
  • La bande enherbée en fond de talweg ou perpendiculaire à la pente permet de ralentir les eaux de ruissellement et de piéger les sédiments.
  • Le labour perpendiculaire à la pente, lorsqu’il est techniquement possible, ralentit le phénomène de ruissellement en empêchant la formation de chemins préférentiels d’accumulation de l’eau.
  • Les cultures intermédiaires implantées avant une culture de printemps offrent une couverture hivernale efficace qui augmente les capacités d’infiltration du sol durant les périodes les plus pluvieuses.
  • L’absence d’habitations en zone inondable permet de limiter les risques. Pour cela, le PPRI constitue l’outil privilégié.
  • Les diguettes végétales installées en travers des ravines déjà formées constituent des barrages filtrants et permettent le comblement de la ravine.
  • Les plantations de berges jouent un rôle tampon aux eaux de ruissellement provenant des versants et permettent de filtrer les sédiments avant leur arrivée à la rivière. La qualité de la rivière s’en trouve ainsi préservée.
  • Les mares peuvent jouer, quand elles dont bien localisées sur le bassin versant, le rôle de bassin tampon naturel en stockant une partie des eaux de ruissellement. Elles peuvent ainsi avoir une double vocation hydraulique et d’abreuvement du bétail.

Référence

Hanspeter Liniger, Godert van Lynden, Freddy Nachtergaele, Gudrun Schwilch, un questionnaire pour la cartographie de la dégradation et de la gestion durable des terres, CDE/WOCAT, FAO/LADA, ISRIC, 2008

Parc Naturel régional des Caps et Marais d’Opale, Guide technique de la lutte contre l’érosion des sols en Caps et Marais d’Opale, Novembre 2003